Je cuisine sans gluten, sans lactose, low fodmaps, et sans maïs. Je pourrai affirmer que je cuisine sain, healthy donc.
Mais affirmer cuisiner healthy renvoie systématiquement à une cuisine faite de jus et de graines de toutes sortes, venues des quatre coins du monde, c’est manger sans vraiment manger. C’est manger en se détoxifiant.
Petits, ma mère nous répétait tous les soirs à mon frère et moi, pour nous coucher qu’« il y a(vait) un temps pour les enfants et un temps pour les parents ». Qu’est-ce que j’ai pu détester cette phrase qui signifiait qu’en gros, il était 20 heures, qu’il fallait monter se brosser les dents, et filer tout droit dans son lit. Et qu’il était inutile de chercher à négocier. Eh bien pour la détox c’est à peu près le même combat. Il y a un temps pour savourer et un temps pour mettre son estomac au repos. Entre 19 heures et 11 heures le lendemain matin je n’avale presque rien mais entre 11 heures et 19 heures je prends de vrais repas faits de vrais aliments non broyés ! Mais manger tout en se détoxifiant ? C’est le meilleur moyen de se jeter sur un confit de canard, pommes de terres grenailles et une grosse glace au chocolat le soir venu ! (Je parle pour moi, oui. Pour vous aussi ?)
Bref, manger détox revient à ne pas vraiment manger et c’est bien dommage.
Faire des cures détox de temps en temps ne m’emballe pas davantage.
Je crois que manger sain au quotidien, mettre son estomac au repos en attendant d’avoir réellement faim, c’est-à-dire ne pas se mettre à table par habitude, c’est la base.
Et pour revenir au détox, c’est fou de voir à quel point on a besoin de se racheter chaque semaine. Sous prétexte que le Dimanche aurait été passé attablé chez les beaux-parents à savourer du magret il faudrait faire une cure détox la semaine d’après. Non mais franchement ! Si le magret a été savouré pourquoi s’enquiquiner ?
Laissons nos corps nous dire si le Lundi doit être plus léger point. Inutile de se culpabiliser en permanence, c’est fatiguant et peu utile à moins de se lancer dans la pratique du yo-yo.
Pour revenir au fait de se mettre à table lorsque l’on a faim et pas par habitude cela parait idiot de l’écrire mais c’est finalement le plus compliqué à mettre en place. Parce qu’il est difficile d’écouter notre corps et tout autant de remettre en cause notre culture bien française. Combien de fois ai-je pu entendre mes parents râler sur le fait que les américains mangeaient à toute heure chacun devant son ordinateur. Le repas en France, c’est sacré. Mais est-il si gênant de se mettre à table avec ceux qui auraient faim, en ne se servant ni de raclette ni de charcuterie ? Où est-il écrit qu’échanger en début de soirée implique de manger ? Rien n’empêche de s’attabler en famille ou entre amis pour partager un moment avec une assiette ou pas devant soi.
Personnellement il m’arrive de recevoir des amis à diner en ayant moi-même pris mon repas 2 ou 3 heures auparavant. Qui cela pourrait-il bien gêner ? Je refuse de me retenir de diner à 18 heures si j’ai faim. Parce que se retenir de diner à 18 heures c’est être sûr de se jeter sur les chips à 21 heures, c’est se goinfrer une bonne partie de la soirée, c’est se coucher tellement plein que c’est mal dormir. Quelle utilité ? Qui aura remarqué que j’aurais mangé ou pas des chips, honnêtement ? Notre façon de nous alimenter de devrait regarder que nous et nos petits corps. Et puis une fois rassasié on ne se concentre plus que sur sa folle envie de manger mais sur l’autre avec lequel nous partageons ces instants. Tant qu’on est dans le partage, que ce soit à table ou pas, une assiette ou un verre devant le nez ou pas, je n’y vois aucune importance.
Arrêtons avec nos traditions, nos schémas tous faits, nos : « commencez la journée avec un bon petit déjeuner ». Combien d’entre nous n’ont simplement pas faim en partant travailler ? Fichons-leur la paix.
Maintenant, pour ce qui est du jeûne séquentiel, j’ai découvert que c’était le nom que l’on donnait à mon mode de vie qui s’est installé tout seul sans répondre à aucune doctrine.
Dès que mes journées ont été moins rythmées par un rituel, autrement dit quand j’ai commencé à travailler principalement chez moi, je n’ai plus ressenti le besoin de prendre de petits déjeuners et je me suis aperçue que les moments durant lesquels je me sentais le mieux étaient les heures précédents mon repas du midi et je me suis aussi aperçue que j’avais systématiquement faim aux alentours de 18 heures.
Je goûtais donc mais je n’avais alors plus faim à l’heure classique du diner soit vers 20 heures /21 heures. Voilà comment par hasard j’ai découvert ce mode de vie qui me convient bien. Mais voyez-vous aujourd’hui il est 20 heures, j’ai déjeuné à 15h30, je n’ai pas encore diné et je n’ai pas faim. La norme voudrait que je savoure au moins une salade, du pain et du fromage. Eh bien je refuse. Je n’ai pas faim. C’est aussi simple que cela. Cessons avec les traditions dépassées, place à nos corps et ses envies.
Finies les injonctions idiotes, même celles du jeûne intermittent. Je ne préconise à personne de suivre un mode de vie qui ne serait pas naturellement le sien. Et pour connaitre celui qui nous convient il suffit de s’écouter. La boucle est bouclée, vous avez compris le cheminement. Bon appétit !