Une amie me demandait hier une idée de menu pour un déjeuner qu’elle organisait avec deux collaboratrices. Une enceinte (donc un menu sans risque de contamination) et une souhaitant suivre un régime (soi-disant prescrit par un médecin) sans glucide et sans sucre. Autrement dit, razzia sur les protéines (viandes, poissons, œufs) et légumes et terminé les fruits et les féculents.
Pour la future maman un menu sans crudité, sans fromage, jambon cru etc. va donc de soi.
Pour la « régimeuse » un menu à base de viande et légumes grillés. Et en dessert ? Un thé vert ?
Une fois ma réponse donnée, je m’interrogeais.
Comment pouvons-nous nous infliger de tels régimes sans glucide ni sucre ? Ce régime drastique fait probablement suite à un excès de sucre et de gras, mais desquels parlons-nous ? Des Macdo engloutis, des Ben& Jerry’s savourés devant la télé, des tartines de Nutella du petit déjeuner ?
Pourquoi répondons-nous quasi-systématiquement à un excès par un autre ?
Pourquoi n’essaierions-nous pas de diminuer ces glucides et sucres-là dans un premier temps, pour les remplacer par la suite par :
-des gâteaux et hamburgers faits maison
-puis par des desserts contenant de moins en moins de sucres ajoutés
-pour finalement savourer des carrés de chocolat noir à 99% (Lindt s’y est mis !:), des simples fruits et des petites rations de riz ou des purées de patates douces ( à l’index glycémique plus bas que les pommes de terre).
Ces lignes me rappellent l’expérience d’une amie qui s’était privée de tout sucre pendant 1 mois. Elle semblait ravie de l’expérience mais sitôt terminée elle recommençait à vivre normalement, comprendre sans privation.
Je me demande alors pourquoi avoir cessé d’avaler tout sucre d’un seul coup plutôt que de l’avoir diminué petit à petit en passant par des sucres moins raffinés puis en supprimant les sucres ajoutés.
Je crois que le corps s’adapte mais uniquement dans la douceur.
Par exemple, sur l’emballage de ces fameuses tablettes de chocolat noir à 99%, sont inscrits quelques conseils de dégustation et notamment un petit guide pour amateur de chocolat plus sucré. Il y est conseillé de commencer par s’habituer à du chocolat noir à 70% avant de pouvoir savourer celui à 99% sans crier à l’inhumaine amertume.
Je trouve ce guide très juste.
En effet, il y a quelques années, j’ai quitté mon Nutella pour du chocolat noir pâtissier Nestlé dessert aux alentours de 50%. Et puis, petit à petit, j’ai essayé le chocolat à 70% puis à 90% et, aujourd’hui, je savoure avec joie ce fameux chocolat à 99%. Comme pourrait le dire Marcolini le pourcentage ne fait pas tout ! Mais je ne parle pas ici de qualité de chocolat mais uniquement de taux de sucre afin de répondre à la collaboratrice de mon amie qui s’impose un régime drastique qui lui fera perdre ses kilos superflus en un rien de temps et qui les reprendra aussitôt son régime abandonné.
J’ai eu l’occasion de l’écrire pour mon chemin de stabilisation positive de ma maladie et je l’écris aujourd’hui encore pour tous ceux qui privent leur corps de nombreux nutriments : seuls les changements opérés dans la douceur perdureront. Il me semble à l’inverse que la frustration aura un effet boomerang (: les kilos disparus réapparaitront encore plus puissants.)
Je pense aussi à l’unique fois où j’ai décidé de faire une cure détox. C’était il y a à peu près 2 ans. J’imaginais que faire une cure de jus une journée durant me purifierait et me soignerait. Mais le cœur n’y était pas. Je bus des jus de légumes de 9h à 19h. Et à 19h je décidai d’écouter mon corps. Et mes yeux ne virent plus que cette splendide boîte de cuisses de canard confites. Mon amoureux, qui ne se fait jamais prier pour entamer ce genre de succulente boîte, l’ouvrit. Je sens encore l’odeur de ces pommes de terre rôties au four que bientôt j’allais déguster avec cette belle cuisse de canard confite. Quelle jolie soirée !
Ce fut ma seule et dernière journée detox (mais certainement pas ma dernière cuisse de canard confite) !
Aujourd’hui, quand on me demande de préparer des jus pour une semaine detox, je refuse. J’ai le matériel, quelques idées de recettes, et le vélo pour les livrer partout dans Paris. Mais je refuse de faire croire que, parce qu’une semaine durant mes clients auront avalé de bons jus à l’extracteur, ils repartiront au boulot frais comme des gardons.
Être frais, le plus lucide et efficace possible au travail c’est d’abord se connaitre, reconnaitre nos besoins de nos gourmandises. C’est reconnaitre les heures durant lesquelles on avalerait un bœuf, des heures que l’on s’impose pour passer à table.
Et puis c’est apprendre à savoir quoi savourer pour se sentir fort pour la journée tout en restant léger.
C’est avoir conscience de ce que nous aimons et en quelle quantité. Quelqu’un qui vous dirait que le fromage c’est sa passion, pourquoi lui conseillerait-t-on de s’en priver ? Je lui répondrais de ne surtout pas arrêter mais de diminuer peut-être les quantités et de trouver un bon fromager. Quelqu’un qui me dirait qu’il a besoin d’une douceur bien sucrée pour son goûter, je ne lui conseillerais pas d’avaler un Mars glacé mais encore moins de ne plus savourer que des pommes. Je lui dirais de prendre le temps de se préparer des granolas maison à l’avance et je lui dirais aussi de tenter, petit à petit, de manger du chocolat moins sucré.
Et pour ceux qui souhaitent perdre du poids, je leur demanderais la même chose : faire la liste de ce qu’ils mangent tous les jours sur une semaine et regarder ce qu’ils aiment profondément et ce qu’ils peuvent supprimer sans regret, et, ensemble, nous établirions un programme en douceur pour des kilos vraiment perdus dans un corps sain sans la moindre frustration.
Pour le sport à outrance, il en est de même.
Un jour, un client m’informait de son désir de s’inscrire dans une salle de sport. Ce client n’avait jamais fait de sport, si ce n’est un tour de vélo tous les 7 à 15 jours. Il souffrait de douleurs articulaires et était sous traitement. Il rêvait, pour plaire à son amie, d’avoir un joli torse bombé et de beaux abdominaux. Il était prêt à passer quelques heures par semaine dans cette salle à soulever de la fonte.
Quand il me fit part de son désir, je le voyais déjà 15 jours plus tard, m’informer qu’il était blessé.
Un corps s’adapte mais uniquement dans la douceur.
Je lui ai d’abord conseillé de revoir ensemble son alimentation. Puis je lui ai envoyé des vidéos d’exercices de renforcement musculaire, au poids du corps, à réaliser 5 à 10 minutes par jour tous les jours. Il avait l’air déçu. Pourtant la dernière fois que je l’ai vu, il avait déjà un peu perdu.
Je ne crois pas aux changements de vie radicaux, du rien au trop. Je crois aux exercices légers, répétés, à la diminution en douceur des produits sucrés dans nos assiettes, dans un profond respect de nos corps, que l’on a, il est évident, mal habitués avec nos poissons panés et crèmes glacées (qui n’ont de crème que le nom).
Alors lâchons la grappe de nos petits corps et ensemble repartons sur un chemin plus doux d’un mode de vie plus sain, sans frustration.
Même si la corde à sauter, c’est assez violent, le gif vaut le détour!:)
Super articles je n’ai rien à rajouté vous avez vraiment tous dit bravo 😀
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Merci mille fois! Votre commentaire me va droit au coeur!:)
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