Interview Radio Louvain matinale – 31 octobre 2019.
Considérez-vous que les gens sont de plus en plus obsédés par leur corps depuis quelques années ?
De plus en plus, je ne peux pas le dire mais affirmer que les gens consacrent du temps à leur corps est une évidence.
On a de plus en plus d’outils à notre disposition pour se motiver et être plus performant (applications mobiles…).
Ça a bien-sûr l’avantage d’inciter les gens à prendre soin d’eux, à bouger, à mieux manger (application Yuka par exemple…). Mais certains tombent dans l’excès et perdent le plaisir du repas qui fait du bien, de la balade au bord de l’eau, au milieu d’une ville qui nous plait par son grouillement ou dans les bois qui nous revigore.
La question est là : comment je fais pour me faire du bien en mettant au centre mon plaisir sain, mes envies, mes besoins sans tomber dans le contrôle absolu du corps qui, là, détruit.
Il y a aussi un plaisir à aller au-delà de ses limites, à pousser le corps à l’extrême. J’en ai d’ailleurs fait les frais ayant dû me faire poser une prothèse de hanche à 22 ans suite à une pratique intense de la course à pieds.
Mais lorsque l’on déplace le curseur du plaisir, celui de la joie de se faire du bien, on est là sur quelque chose de sain et de durable parce que le corps suivra, et même plus que ça : il nous guidera.
Nos envies, surtout sportives et culinaires viennent avant tout du corps. Je crois qu’il est indispensable de le rappeler.
Très bien, mais comment on fait pour s’écouter ?
C’est très simple : on se pose la question : est-ce que j’ai envie de courir ou de me balader à mon rythme. La marche c’est quand même l’activité physique la plus géniale, accessible à tous, gratuite qui permet au corps de bruler du gras et à l’esprit de s’évader, où que l’on soit !
Concrètement avant d’enfiler ses baskets, on se projette : est-ce que vraiment je sens dans mes jambes que j’ai envie d’aller courir ou plutôt d’aller prendre l’air, de me balader, à mon rythme ?
D’ailleurs il faut rappeler les effets incroyables de la marche. Marcher c’est brûler du gras (davantage qu’en courant) et ça change les idées : Christophe André, le pape de la méditation en pleine conscience, en vante les mérites depuis des années !
Et puis c’est gratuit ! Quand je vois des gens payer leur abonnement de métro puis celui de leur salle de sport pour aller courir sur un tapis bien raide après une journée de bureau, je me dis qu’on marche sur la tête !
Ce n’est quand même pas compliqué d’aller travailler à pieds ou en vélo pour être gratuitement en bonne santé !
Est-il quand même possible de se muscler sans se faire mal ?
Oui ! Alors c’est sûr que si on s’y prend en juin pour août ça va être compliqué il ne faut pas se leurrer ! Mais en faisant 10/15 minutes de petits exercices en douceur tous les jours on se muscle en profondeur et pour longtemps. Ça parait minime mais ça fait toute la différence ! Je pense à des petits exercices de gainage ou de pilates, c’est-à-dire des répétitions lentes et contrôlées que l’on peut faire en devant sa cafetière au réveil, l’air de rien.
On est dans une société qui prône le tout ou rien : je « picole » toute l’année et 15 jours avant un marathon je ne veux plus tremper mes lèvres dans la moindre pinte de bière !
Pendant les fêtes je m’empiffre de foie gras pour enchainer sur une detox inutile voire un jeûne de la bonne conscience. Pourtant, le corps n’a pas besoin de se detoxifier, Dieu merci ! On s’écoute et ça marche tout seul : après un jour de fête, on risque d’avoir naturellement envie d’une salade verte davantage que de foie gras.
L’idée c’est donc de manger à sa faim un peu de tout ce qui nous fait envie et de faire de l’activité physique naturellement pour se déplacer et/ou se renforcer un peu tous les jours.