Free the nipple, mums!

Mon fils aura bientôt 11 mois, je l’allaite encore. 


Le simple fait que je sois souffrante ce week-end permettrait aisément à (presque) tout pédiatre de juger « qu’il serait peut-être temps d’arrêter« . 
J’ai eu la chance de pouvoir étudier à distance et passer un DU de nutrition et sport tout en l’allaitant à la demande. 
Il avait à peine quelques semaines lorsque sa pédiatre, sacrément renommée dans la capitale, nous a conseillé de lui donner du polysilane pour espacer les tétées car je cite « il souffre peut-être de reflux or dès qu’il a faim vous le mettez au sein, ça le calme et 1h30 après il redemande le sein. »
Oui, le lait maternel « tient » moins que le lait maternisé. Fini le bourrage de biberon à coup de lait issu de tant de vaches nourries on ne sait trop comment, et de farine pour qu’il fasse rapidement ses nuits. 
Grâce à ces stratégies, bébé des années 90, j’ai fait mes nuits à 2 mois! Mais quand ma mère (qui n’aurait pas pu allaiter même si elle l’avait voulu car sous antibiotiques, dixit son médecin de l’époque) * m’a dit avec émotion « je suis passée à côté de ça, c’est si beau. » 

C’est vrai! Malgré une grossesse relativement simple et un accouchement « comme une lettre à la poste », le lien avec mon enfant s’est tissé au cours de ces moments partagés tous les trois, que ce soit sur le canapé du salon, dans le train, dans un parc, sur notre lit. Un père qui souhaite tisser ce lien-là, si fort, le peut et l’allaitement ne l’en exclut en rien. 
Je reconnais avoir essayé un biberon de « faux lait » à 16h pour être certaine de son hydratation à la crèche. Son Papa s’est chargé de ce test, fier et ému. Cela n’a pas fonctionné, notre fils ne comprenant pas l’utilité de l’objet. Les puéricultrices après de nombreux essais ont également abandonné au profit d’une bouillie « de grands ». Depuis il me semble que le père de notre mistigri savoure davantage encore ces tétées matinales dans notre lit : un réveil enveloppé de douceur. 

Quant à ma liberté corporelle, il est vrai que je ne regarde plus ma poitrine de la même manière ( bien qu’elle ne porte en elle aucune marque! Soyez-en rassuré(e)s). 
En fait je ne l’observe plus comme quand je traquais le moindre trou de cellulite sur mes cuisses. Je ne crois pas me sentir dépossédée de mon corps mais je le sais utile. Moi qui l’ai trouvé si peu obéissant, tout cassé, si douloureux. Aujourd’hui je le remercie, il fait partie de moi, lui et moi on a été capables de porter un gros mistigri aux bonnes joues, aux bons cuissous, dont le sourire presque permanent trahissent cette joie de vivre; et je doute que ces instants renouvelés de peau à peau où que l’on soit, quand il le veut, ne sont pas sans effet sur ce sentiment de confiance dans lequel il semble s’épanouir. 

Quant à la durée de ce peau à peau renouvelé elle n’est pas programmée. On choisira ensemble, tous les trois, avec mistigri, quand on aura envie de sortir son papa, mes seins et moi. Mais je crois que rien ne vaut ces instants de joie partagée, si douce, enveloppante : même un dîner aux quatre coins de Paris ne pourrait rivaliser… Pour le moment. 

Quant à la difficulté d’allaiter en travaillant : elle est réelle. J’espère de tout coeur que lorsque le second sera en route, le code du travail, de la santé, les conventions de branche etc… faciliteront la possibilité d’au moins six mois de retrait pour éveiller nos enfants dans un doux cocon qui sent le lait enveloppé d’un petit bruit de succion parfaitement maîtrisé, de petits yeux qui diraient « merci, maman, c’est magique ». « Oui, mon enfant, je t’aime aussi profondément et jamais nous n’oublierons ces moments qui peut-être quelque part te forgeront ». 

Maintenant parlons pratique, l’allaitement permet

-un système immunitaire de bébé en acier ( de par les anticorps transmis par le lait)
remise en route du corps de la mère en douceur ( un maximum de tétées nocturnes = une meilleure efficacité de  contraception naturel ( cf : Méthode MAMA : bébé a moins de six mois, il est allaité exclusivement et à la demande, n’a pas tétine= peu de chance que la fratrie s’agrandisse).
bien-être de maman et bébé pendant et en post tétée permettant un rendormissement immédiat ( pas forcément du papa cependant..:)
gratuité et praticité : bébé nourri et hydraté si nos seins nous ont suivie
diversification facilitée ( bébé connait des tas de goûts différents du fait de l’allaitement vs mono goût du lait industriel)
protection contre l’obésité de bébé : qui gère de suite ses repas comme un grand : sensation de satiété connue. Il ne tetera ni trop ni trop peu. ( il faut lui faire confiance) et donc côté pratique : pas de calcul d’heure ni de grammage.
pas de tétine qui tombe dans le train : un p’tit coup de sein ( pas forcément productif , c’est lui qui gère selon ses besoins) pour le calmer et ça repart. 
abaissement du risque de cancer du sein pour la mère 
perte de poids très rapide pour la mère ( allaiter brûle 500kcal environ) 
-à mon sens de par les hormones sécrétées (ocytocine) lors de l’allaitement : moins de risque de dépression post-partum

Ne permet pas de : 
-partir en soirée enchaîner pas de danse et ginto. 
-faire de vraies longues nuits si on dort dans la même chambre
( il sent l’odeur du truc réconfortant qui dort pas loin… pas sûre non plus que je pourrais résister à une fontaine de chocolat à proximité.) 

Inconvénients ponctuels
Première montée de lait quelques jours après l’accouchement pas très agréable. 
Risque d’engorgement : bouillotte, massage vif lorsque bébé tète pour que le canal se débouche. ( jamais duré plus de 48h avec ces conseils précieux). 

En conclusion, allaiter son enfant est aussi beau que naturel mais le lait maternisé offre aux femmes le choix de le faire, ou pas, et d’en choisir la durée. 
Finie l’époque ou les mères et les grands-mères qui étaient passées par là accompagnaient les jeunes mamans par leurs conseils avisés en la matière. ( Merci aux médecins des dernières décennies qui ont vivement critiqué l’allaitement au profit du lait industriel « meilleur pour l’enfant »…) 

Aujourd’hui rares sont celles qui peuvent s’appuyer sur des experts sur le sujet, alors les bouquins et surtout le site de la Leche League répondent à nombreuses de nos interrogations mais cela ne suffit pas. Il serait peut-être temps que les professionnels de santé s’y mettent et que les regards accusateurs s’informent avant de juger que passés six mois, allaiter c’est avoir un problème et surtout en créer à l’avenir pour son enfant. 
Cela contribue au découragement des mères qui, sans soutien, remettent en question ce qui leur semblait juste et naturel. 
D’autant plus, qu’encore une fois, tant que les femmes actives n’auront pas la possibilité financière de prendre six mois pour elles et leur enfant, il sera bien compliqué dans notre société de les allaiter aussi longtemps. 
A ceux qui rétorqueraient qu’il existe des tire-lait, je répondrais qu’il est question de nutrition mais aussi de sensation, de peau à peau et d’échange.

Et à celles qui s’inquiètent de la manière de le faire, des durées entre chaque tetée…Je leur dirais de penser simplicité soit de toujours revenir à cette phrase : « comment faisaient nos arrières arrières grand-mères »? Je leur dirais de se faire confiance, de ne pas calculer ( l’allaitement offrant cette liberté là, saisissons-là) et surtout de faire confiance à nos enfants qui savent s’ils ont faim, soif, besoin de réconfort. 

Puisque je me suis vendue avec ces lignes qui prennent la tournure d’un plaidoyer en faveur de l’allaitement : je finirais par dire que dieu merci rien ne remplace ce qui est naturel : pas même les nouvelles générations de tétines. Dans notre société du challenge permanent, de la perfection, du manque de temps, l’allaitement est la plus belle leçon que j’ai pu recevoir. Une tétée, c’est quinze minutes passées dans un cocon où plus rien ne compte, on donne et on reçoit, c’est pur, c’est indescriptiblement beau. Ça vaut de loin toutes les méditations ( oui, même en pleine conscience); en fait même si je n’y connais pas grand-chose en méditation je crois pouvoir dire qu’allaiter c’est un peu s’octroyer un temps précieux avec son enfant, et donc le raccourci : « allaitez, vous méditerez » n’est pas tant exagéré! 
Mais surtout, même si je n’ai jamais réfléchi à la question de savoir si j’étais féministe ou pas, le simple fait d’être mère me donne particulièrement envie d’écrire mais aussi de dire « free the nipple, mums! »

*Aujourd’hui le site CRAT nous conforte dans la compatibilité de l’allaitement avec de nombreux traitements, même antibiotiques!

Pour celles qui souhaiteraient contribuer à mon mémoire de fin d’études : quelques clics sur mon questionnaire m’aideraient beaucoup! https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfEoFfoqDJu_kqINC-VN4B9JeXEYjM2D91OP82batsxEAKf0g/viewform?usp=sf_link

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